Le plafonnement des prix du gaz naturel ne sert à rien? Le marché boursier du gaz à Londres contourne les restrictions de l’UE

Le plafonnement des prix du gaz naturel ne sert à rien? Le marché boursier du gaz à Londres contourne les restrictions de l’UE
  • 17.02.2023
  • Kurt Deman
  • 4 min

Le plafonnement des prix du gaz naturel sera d’application à partir du 15 février. Il est censé protéger les entreprises et ménages européens contre les pics tarifaires considérables. Toutefois, le 20 février, l’exploitant du marché boursier du gaz européen, Intercontinental Exchange (ICE), lancera une plateforme de négociation à Londres, où les commerçants pourront continuer à vendre à un prix de marché plus élevé. Ainsi, l’ICE contourne le plafonnement des prix et il se peut que ces derniers ne soient pas réduits.

 

Ce mécanisme des prix entrera en vigueur si le prix de gros du gaz naturel dépasse le montant de 180 euros par mégawattheure pendant 3 jours et si le prix du gaz naturel ordinaire est supérieur de 35 euros à celui du gaz naturel liquéfié (GNL). Cette règle est uniquement d’application pour les Etats membres de l’UE; elle ne l’est donc pas pour le Royaume-Uni.

 

Une échappatoire

Selon Reuters, l’Intercontinental Exchange (ICE) voit une échappatoire pour le plafonnement des prix via l’ouverture d’une plateforme de négociation à Londres. Ce hub gazier fonctionnerait en parallèle avec le principal marché boursier du gaz à Amsterdam (TTF). Au cas où le prix à Amsterdam dépasserait le plafond fixé, le commerce pourrait théoriquement se déplacer vers Londres, où aucune limite de prix n’est imposée. Le prix du gaz naturel pourrait donc y dépasser le montant de 180 euros par mégawattheure, ce qui résulterait en une facture énergétique plus élevée pour les consommateurs.

 

Une option d’assurance

L’ICE avait déjà prévenu qu’il déplacerait le marché en dehors de l’UE en raison du plafonnement des prix. Trabue Bland, vice-président sénior auprès de l’ICE, considère le 2ème marché comme une ‘option d’assurance’ pour ses clients, au cas où le plafonnement des prix de l’UE les empêcherait de négocier ou de gérer leur exposition au risque. «Envers nos clients, nous sommes obligés de fournir des solutions aux problèmes auxquels ils sont confrontés,» a-t-il déclaré à Reuters. Les sceptiques ont indiqué que des perturbations considérables du marché se produiraient au cas où le prix ne serait plus déterminé par l’offre et la demande. Surtout les ministres de l’énergie néerlandais et allemand avaient déjà exprimé leur inquiétude.

La ministre Van der Straeten: pas d’impact direct, mais des éléments de risque

Selon la ministre fédérale de l’Energie Tinne Van der Straeten (Groen), les premiers rapports internationaux indiquent que la décision du marché boursier parallèle à Londres n’a pas d’impact direct sur le plafonnement des prix, mais qu’il existe des éléments de risque qui requièrent une enquête plus approfondie. «J’attends ces rapports pour vérifier quelles pourraient être les conséquences de ces projets d’ICE Endex et pour évaluer si ceci pourrait être positif ou négatif. En tout cas, le MCM a fait réfléchir de nombreuses personnes et j’espère que de nombreux acteurs du marché adopteront une approche plus intelligente de l’indice TTF,» a déclaré la ministre.

«La création d’un marché boursier parallèle à Londres (hors de l’Europe et donc non soumis au plafonnement des prix) résout en fait un problème que l’ICE avait lui-même évoqué, à savoir qu’une demande ne pourrait pas être couverte et qu’une position resterait ouverte ainsi, même si l’offre en matière de gaz est suffisante.»

 

L’activation du plafond n’est que peu probable

Reste à savoir si le plafonnement des prix sera un jour nécessaire. Grâce aux réserves de gaz bien remplies dans l’UE et à notre hiver relativement doux, les prix du gaz ont baissé considérablement en Europe. Actuellement, 1 mégawattheure de gaz naturel coûte environ 57 euros sur le marché boursier TTF, ce qui correspond environ à 1/3 du niveau de 180 euros à partir duquel le plafonnement des prix pourra entrer en vigueur. Selon les analystes, ceci rend moins probable l’entrée en vigueur du plafond européen, quoique les pics tarifaires ne puissent être exclus.